Le sol
Après des années de maintien des sols nus, facilités par la mécanisation et les désherbants, nous nous sommes rendus comptes de la perte de fertilité de ceux-ci. C’est à dire que pour produire la même quantité de raisin qu’avant voire moins parfois, il fallait beaucoup plus d’engrais. La teneur en humus de nos parcelles cultivées représente souvent moins de la moitié de celle contenue dans la garrigue environnante, pourtant l’humus est la clé de voûte de la fertilité.
Afin d’inverser la tendance, nous nous sommes lancés dans le semis de couverts végétaux hivernaux entre les rangs de vigne. Cette nouvelle technique nous a demandé quelques années pour être mise au point dans nos conditions. Dans la pratique nous avons sélectionné des espèces variées de céréales (seigle,avoine…), de légumineuses (féverole, vesce…) et de crucifères (colza fourrager, moutarde…), qui vont croître au moment du repos de la vigne (de la fin de l’automne jusqu’à la fin de l’hiver). Une fois que la vigne débourre au printemps, nous détruisons les plantes de couvertures par des moyens mécaniques et laissons un mulch se dégrader en surface.
Dans la même idée de replanter nos vignes sur des sols régénérés, nous avons réduit la surface cultivée de 10 % ce qui nous permet d’implanter une prairie de légumineuse pérenne (luzerne, sainfoin) pendant au moins 5 ans entre l’arrachage de l’ancienne vigne et la replantation de la nouvelle.
Et si la pousse des végétaux que nous semons entre les rangs de vignes ou sur les parcelles de vignes arrachées est insuffisante nous apportons du fumier et/ou du Bois Raméal Fragmenté pour « amorcer » la pompe biologique. Ce coup de pousse suffit souvent à démarrer un beau couvert.
Les adventices entre rangs sont contrôlées avec des outils de travail du sol mécanique, qui griffent la terre sur maximum une quinzaine de centimètres, sans retournement des horizons du sol et pour empêcher toute concurrence durant la pousse de la vigne.
La culture
L’essentiel du vignoble que nous cultivons a été planté dans les années 50/60 par nos parents et grands parents. A l’époque, la production phare étant les Vins Doux Naturels, beaucoup de Grenache Noir, Gris et Blancs ont été plantés ainsi que du Macabeu. Le Carignan était lui aussi incontournable pour la vinification des vins rouges secs. Voilà l’essentiel de notre encépagement actuel.
Depuis quelques années, nous réintroduisons des sélections massales de nos cépages traditionnels qui apporteront de la diversité dans le potentiel génétique de nos parcelles et conviennent mieux à nos objectifs (une quantité de raisin raisonnable constituée de petites grappes) ces sélections sont prélevées sur nos vieilles vignes ou échangées avec d’autres vignerons.
Quant au mode de conduite de la vigne, nous avons privilégié au maximum le traditionnel « gobelet ». Il permet une meilleure résistance à la sécheresse, une bonne homogénéité de la maturation et crée une zone de fraîcheur et d’ombre au niveau des grappes lors des moments de fort ensoleillement (soleil de midi à 14 h). Nous privilégions le gobelet pour ces caractéristiques là même s’il empêche la récolte mécanique de toute manière impossible sur nos pentes.
La maîtrise des maladies fongiques (oïdium et mildiou) se fait par pulvérisation de soufre additionné à des extraits végétaux (ortie, consoude…), ainsi qu’avec des doses homéopathiques de cuivre sous forme de bouillie bordelaise.
La lutte contre les vers de la grappe est maîtrisée par des diffuseurs de phéromones.
La récolte est manuelle. Nos vendangeurs, fidélisés depuis déjà quelques années, connaissent bien les vignes et sont attentifs au travail de cueillette. Nous avons conservé des maisons de village où ils sont logés et participent au « melting pot » qui se dessine chaque année en automne dans nos communes.
La date des vendanges est fixée après dégustation du fruit. Avant de décider de récolter, il faut s’imaginer ce que le raisin donnera une fois devenu vin. Il faut apprécier les précurseurs d’arômes, l’acidité, la qualité des tannins et bien sûr évaluer le futur titre alcoolique en quantifiant les sucres fermentescibles. La période de cueillette s’étale sur plus d’un mois, de mi-août à fin septembre. Nous commençons par récolter les blancs pour les vins secs (Grenache blanc, Grenache gris, Macabeu) puis les muscats (Muscat d’Alexandrie et à petits grains ). Les rouges suivent ensuite (Syrah, Grenache noir et Carignan ) et enfin nous finissons par les Vins Doux Naturels (Grenache noir et gris).